Faune des milieux humides de la vallée du Fraser

Ce projet vise deux espèces phares des milieux humides de la Colombie-Britannique. La grenouille maculée de l’Oregon est l’amphibien le plus à risque de disparition, avec moins de 300 individus reproducteurs à l’état sauvage. Sans intervention, cette espèce va presque certainement disparaître. Par ailleurs, la tortue peinte de l’Ouest est la seule tortue d’étang indigène qui subsiste en Colombie-Britannique, et la population de la côte du Pacifique s’amenuise.

Les écosystèmes d’eau douce dans les basses terres continentales de la Colombie-Britannique ont été gravement atteints par la pollution, les eaux de ruissellement, les changements climatiques, les espèces envahissantes et la présence d’un grand nombre de prédateurs, dont le raton laveur. Au moins une des espèces indigènes de la région, la tortue de l’Ouest septentrionale, est déjà disparue au Canada, tandis que d’autres espèces ont tellement décliné que le seul espoir de les voir survivre réside dans des initiatives de conservation directes et concrètes.

Le plan de rétablissement de la grenouille maculée de l’Oregon recommande des initiatives de reproduction, d’encadrement des jeunes et de réintroduction à des fins de conservation, cela en vue de rétablir des populations viables dans au moins six sites. Conservation de la faune au Canada a amorcé la coordination de ces efforts en 2010, en ajoutant un programme de reproduction pour la conservation au travail d’encadrement des jeunes qui s’effectuait déjà au Greater Vancouver Zoo. Cette initiative est venue renforcer les activités de reproduction en cours au Vancouver Aquarium. Par ailleurs, un programme de marquage-recapture en cours et le dénombrement rigoureux des masses d’œufs par nos partenaires nous permettent de suivre de près les progrès de cette initiative de rétablissement. Les jeunes sont utilisés à la fois pour augmenter la taille des populations existantes à l’état sauvage et pour en établir de nouvelles dans des sites appropriés où l’espèce a cessé d’être présente. En 2012, nous avons élargi nos activités pour inclure la tortue peinte de l’Ouest. En vue d’assurer la sauvegarde de cette espèce, les experts recommandent comme mesures la protection des nids, l’incubation artificielle des œufs, l’encadrement des jeunes tortues destinées à être relâchées et la mise en place d’un programme de reproduction à des fins de conservation.

En conséquence, nous avons commencé à récupérer les œufs de tortues peintes de l’Ouest se trouvant dans des nids exposés à un risque élevé –  par exemple, ceux qui ont été déposés sur des rampes de mise à l’eau en gravier – et à les encadrer. Nous avons aussi entrepris de capturer les adultes vivant seuls ou au sein de groupes dont la petite taille rend leur reproduction effective peu probable. Ces tortues constituent le noyau d’une population destinée à la reproduction à des fins de conservation. Nous encadrons les nouveau-nés pendant au moins une année, jusqu’à ce qu’ils soient trop volumineux pour être la proie de leur principal prédateur : le ouaouaron, qui a été introduit en Colombie-Britannique.

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À l’automne 2016, nous avions déjà élevé et relâché 560 grenouilles maculées de l’Oregon et 200 tortues peintes de l’Ouest. Les résultats initiaux indiquent que ces individus prennent leur essor à l’état sauvage. Un relevé effectué en 2015 a révélé un nombre étonnamment élevé de jeunes tortues faisant partie de celles que nous avions relâchées l’année précédente, tandis que les grenouilles que nous avions relâchées dans un milieu humide dépeuplé et restauré avaient commencé à s’y reproduire.

En donnant une impulsion à nos programmes de reproduction à des fins de conservation pour chaque espèce, nous pourrons relâcher plus de grenouilles et de tortues, ce qui devrait accroître considérablement les populations à l’état sauvage et permettre leur rétablissement dans leur aire de répartition historique. Dans les années qui viennent, nous espérons aussi utiliser les techniques employées dans notre programme visant la tortue peinte de l’Ouest pour réintroduire la tortue de l’Ouest au Canada.

Andrea Gielens
Biologiste principale

Andrea fait du bénévolat pour aider la faune depuis l’âge de 13 ans. Elle a fait ses débuts dans un organisme local qui venait en aide à la faune orpheline, en donnant le biberon à de jeunes cerfs, ratons laveurs et écureuils. Aujourd’hui, elle détient une maîtrise en écologie de l’Université Royal Roads, ainsi qu’un baccalauréat en biologie, avec une spécialisation en zoologie et comportement animal. Elle a travaillé dans des zoos au Canada et au Royaume-Uni, d’abord avec les primates et les petits félins, et par la suite avec la grenouille maculée de l’Oregon. Elle a également étudié les dynamiques de meutes et les comportements sociaux chez les chiens sauvages d’Afrique.
En 2011, Andrea a travaillé pendant un an à la section des amphibiens et reptiles à la Durrell Wildlife Conservation Trust [fiducie Durrell pour la conservation de la faune], l’organisation sœur de Conservation de la faune au Canada au Royaume-Uni, à Jersey. Entre autres, elle y a appris comment traiter les colonies de conservation atteintes du champignon chytride mortel, lequel décime des populations d’amphibiens partout dans le monde. Andrea coordonne notre projet Wetlands Wildlife en Colombie-Britannique, ainsi que notre travail de rétablissement du papillon damier de Taylor.

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